mardi 11 octobre 2011

Vallées d'éternité & temples des millions d'années. (suite)


La Reine-Pharaon Hatchepsout confia la conception de son temple des millions d'années à l'architecte Senmout. Ce dernier connut la consécration et le temple fut surnommée "le Sublime des Sublimes". L'effet, encore aujourd'hui, est des plus saisissants. Le temple s'intègre à la falaise contre laquelle il s'adosse, son architecture est unique en son genre : elle consiste en trois terrasses en gradins reliés par deux rampes. Dans l'antiquité, ces terrasses étaient bordées de jardins suspendus agrémentés de bassins.

A la mort d'Hatchepsout, son neveu et successeur, Thoutmosis III, a fait marteler la plupart des bas-reliefs représentant la reine. Il lui en voulait en effet particulièrement : à la mort de Thoutmosis II, à la fois son demi-frère et son époux, Hatchepsout devint régente. Comme l'enfant que Thoutmosis II avait eu avec une concubine était trop jeune pour devenir lui-même pharaon. Hatchepsout devait donc préparer l'enfant à accéder au trône, mais elle prit très vite goût au pouvoir, arborant même les attributs royaux, dont la barbe postiche. Elle reçut même le soutient du clergé d'Amon. Par ailleurs, l'enfant devenu pharaon, se vengea en tentant de faire effacer le visage de la femme pharaon... et donc son règne.


Depuis le temple d'Hatchepsout, on peut avoir un aperçu de deux temples dont l'accès est interdit au public : le temple de Montouhotep II et celui de Thoutmosis III.
Du premier complexe, on ne voit plus guère que l'édifice principal adossé à la montagne, ses deux terrasses superposées entourées de portiques. Pour y accéder, il fallait passer d'abord par un temple d'accueil et marcher sur une chaussée longue d'un kilomètre. L'un comme l'autre sont aujourd'hui enfouis sous les cultures. Montouhotep II fut le véritable fondateur du Moyen Empire.
A cette époque, les temples servaient aussi de lieu d'inhumation et on a retrouvé 28 sépultures de membre de la famille royale, sous le complexe.


Accolé au temple d'Hatchepsout se trouve celui de Thoutmosis III, construit sur le modèle de ses voisins, mais bien moins grandiose que celui de sa belle-mère honnie. Des fouilles menées par une équipe d'archéologues polonais ont mis à jour, dans la deuxième moitié du XXe siècle, des milliers de morceaux de bas reliefs d'une grande beauté.


La Vallée des Rois compte 62 sépultures dont une quinzaine seulement sont ouvertes au public. Toutes, à l'exception des plus anciennes, sont construites sur le même plan : une porte taillée dans le roc s'ouvre sur un long couloir, qui s'enfonce dans la montagne. Bordé de niches et de chapelles, parfois coupé par un puits destiné à piéger les profanateurs, il débouche sur une ou plusieurs salles. Le sarcophage se trouve dans la dernière d'entre elles, la plus éloignée de l'ouverture. Sur les murs se déroulent des textes liturgiques du Livre des Morts qui offre au souverain les clefs de son passage vers l'au-delà. Dans la salle du sarcophage, des scènes le représentent en compagnie d'Osiris, maître du royaume des Morts et d'autres dieux.


Couloir d'entrée du tombeau KV2 appartenant au Pharaon Ramsès IV et découverte en 1718 par Claude Sicard. C'était un pharaon qui donnait l'impression  d'avoir eu une activité plus religieuse que politique. Il inaugure la série des Ramsès qui vivent l'effacement progressif du pouvoir royale au profit du clergé d'Amon.


Ensuite, direction le tombeau KV6 appartenant au Pharaon Ramsès IX et fouillé durant l'antiquité.


Son règne se déroule en plein effondrement du pouvoir royal dont les principales conséquences sont l'anarchie et la corruption.


La dernière demeure KV11 du Pharaon Ramsès III fouillée dans l'antiquité. Il fut le dernier pharaon guerrier et un fameux guerrier si l'on en croit les peintures de son temple des millions d'années de Medinat Habou. De façon traditionnelle, les peintures représentent des scènes religieuses inspirées par les textes. Mais il y a aussi, ce qui est plus rare, des scènes profanes : des peuples étrangers apportant des offrandes, des bateaux et des musiciens jouant de la harpe.


En redescendant vers la ville nous passons devant la maison d'Howard Carter ainsi que devant les ruines du temple des millions d'années de Ramsès II : le Ramasseum...


Ce temple a, au fil des siècles, beaucoup perdu de sa splendeur. Dans l'Antiquité, il était chanté par les poètes, mais le rêve narcissique de Ramsès II, déjà constructeur d'Abou Simbel, n'a résisté ni au temps ni aux prélèvements successifs. Les colonnes brisées, les arbres épineux lui donnent un aspect romantique et émouvant, surtout au lever du soleil, quand les premiers rayons effleurent la gigantesque statue disloquées de Ramsès II gisant au sol. Selon les calculs, celle-ci devait mesurer pas moins de 17m de hauteur et peser près de 1000 tonnes. Ci-dessous un plan du Ramasseum au temps de sa gloire.


Et pour terminer cette matinée de visite, un petit tour à la maison d'albâtre, magasin tenu et pourvu par les descendants des artisans de l'antiquité.

Retour au bateau et après-midi de navigation vers Edfou.

1 commentaire:

  1. Il est assez impressionnant de voir combien les couleurs des fresques sont restées lumineuses, non ?

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